Changer de nom après le mariage ?
Beaucoup de futures mariées se posent la question, dans la vraie vie et sur les blogs. Alors voilà, j’apporte ma petite pierre à l’édifice.
Ø Version traditionnelle : mademoiselle Rainette devient madame Crapaud.
Les avantages : tout le monde dans la famille porte le même nom (surtout quand les enfants seront là !), et ça simplifie pas mal de choses (les commerçants, les médecins, les instits visualisent la tribu Crapaud). Dans ma famille, c’est la solution la plus courante.
Dans la vraie vie, le nom de Rainette est très compliqué, et m’a valu pas mal de malentendus administratifs ; le nom de Crapaud est beaucoup plus simple et plus clair, j’avoue que ça m’éviterait ce genre de problèmes. Par ailleurs, les beaux-parents Crapaud m’appellent pour rire déjà madame Crapaud, avec beaucoup d’affection, et ça symbolise pour moi le formidable que j’ai reçu dans cette « belle » famille, dans tous les sens du terme.
Les inconvénients : point n’est besoin ici de rappeler les arguments féministes en défaveur de cette solution, l’effacement de l’épouse que cela sous-entend, qui devient alors « femme de… », arguments auxquels je ne suis pas tout à fait insensible.
Ø Version féministe : mademoiselle Rainette devient madame Rainette.
Les avantages : ils fonctionnent pour celles (et ceux !) qui sont sensibles à la notion d’indépendance sociale de la femme. Très utile dans le milieu professionnel, il permet d’assurer la continuité, surtout quand on doit (c’est mon cas) ne pas se faire oublier des pontes de la corporation. Cette solution symbolise cette indépendance sociale, galvaudée aujourd’hui, mais, il est bon de le rappeler, encore bien récente à l’échelle des siècles, et encore bien fragile à l’aune des pratiques réelles… Alors, gardons notre nom de plume, notre nom de scène (même si on n’est pas sur les planches, même si on n’est pas écrivain !)… je préfère à nom de jeune fille (à partir de quand devient-on une vieille fille ? A partie de quand considère-t-on qu’une femme ne se mariera plus, ou restera célibataire ? Et en quoi peut-on juger que ce célibat est définitif ?)
Dans la vraie vie, c’est la solution que préfère monsieur Crapaud, qui aime mon nom compliqué et son histoire, et il n’a pas tort. Il aimerait bien s’appeler monsieur Rainette (plaisante-t-il ? Est-il sérieux ? Serions-nous assez libérés des conventions pour oser faire ça ? Pas sûr…)
Les inconvénients : il n’y en a plus, puisque désormais l’administration s’est chargée de résoudre la césure entre les jeunes filles et les vieilles filles en considérant le titre de « demoiselle » comme discriminant. C’est ainsi que je suis devenue madame Rainette sur mon lieu de travail, sans autre forme de procès. Et mes collègues plus âgées non mariées (en couple ou pas) en sont ravies (« mademoiselle », à cinquante ans, c’est lourd à porter). Nous pouvons toutes devenir des « madââmes », même sans être mariées. Petite parenthèse : ce qui n’empêche pas que l’on m’appelle toujours « mademoiselle » dans les magasins, notamment, ça rassure… pas l’air trop vieille, encore.
Ø Version panachée : mademoiselle Rainette devient madame Rainette-Crapaud, ou Crapaud-Rainette
Les avantages : permet de porter les deux noms, dans la vie privée et professionnelle. Ça symbolise pour moi l’union de ces deux familles que symbolise (aussi) notre mariage. Mais c’est un peu déséquilibré… J’ai deux noms, et mon mari un seul.
Les inconvénients : ne serait-ce pas la nouvelle solution au final la plus traditionnelle ? Car le double nom crie haut et fort votre mariage (à moins que vous ne portiez les noms de vos deux parents), plus que le madame Machin (qui laisse planer un doute : madame non discriminant, ou madame mariée ?) Dans mon milieu professionnel, où se pratique l’endogamie à tour de bras, on aime bien cette solution, et s’afficher comme couple. Moi, je suis exogame, mais j’aime bien cette solution aussi. Ça me permet de satisfaire mes instincts tradis, en manifestant mon statut de femme mariée, tout en me donnant l’impression d’être une super woman indépendante qui garde aussi son nom de jeune fille. Assez paradoxal, donc. En fait, je me la pète avec l’indépendance sociale de la femme, mais je n’assume ni le madame Crapaud, ni le madame Rainette !
Le Crapaud n’est pas trop d’accord pour moi, mais aime cette solution pour les futurs enfants. Quant à moi, je ne suis pas convaincue : s’appeler Crapaud, c’est tout simple. S’appeler Rainette, c’est pas facile, surtout à l’école, alors on ne va pas en rajouter en leur demandant d’épeler Rainette-tiret-Crapaud ou le contraire… Le débat est toujours ouvert sur notre nénuphar.
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